La traversée photographique
Ce projet artistique propose un travail d'exploration sur la place de l'auteur-photographe et la fabrication des images et questionne la représentation photographique des peuples autochtones. Ce projet a eu un premier volet, Ashu-takusseu débuté en 2015, qui s’est poursuivi en un deuxième volet en 2018-2019 avec l’appui du CALQ, et intitulé La traversée photographique.
Pour le premier volet, j’avais opté de ne réaliser aucune prise de vue photographique et de mettre en place des processus numériques favorisant la participation et l'appropriation des autochtones à leur autoreprésentation . J'ai travaillé à la mise en place d'outils de diffusion : site internet, réseau sociaux et mapping vidéo d'images dans l'espace public réel. Cette étape a été conçue exclusivement de façon virtuelle. L’étape suivante consistait à intégrer les images reçues en mode de mosaïque à des photographies de l’Américain Edward Curtis, photographe de la fin du XIXesiècle dont l’approche pictorialiste privilégiait la mise en scène et l’apparat. Car ce projet se pose aussi en dialogue à l’important corpus de Curtis qui a hautement contribué à la diffusion de l'image de l'autochtone telle que l'homme blanc souhaite se l'imaginer et se le représenter, le reléguant à un « cliché » qui a perduré tout au long du XXesiècle.
Le second volet du projet, La traversée photographique, approfondit les réflexions sur la représentation par une traversée de l'histoire de la photographie, et s’axe sur les outils techniques qui définissent la pratique. Dans un travail de recherche au centre d'artiste en estampe contemporaine l'Atelier de l'île de Val-David, j'ai exploré les techniques de photogravure afin de créer de nouvelles images matérielles par le biais du procédé élaboré par Nicéphore Niépce, et ceci, en puisant à la fois dans le corpus d’autoportraits reçus des autochtones contemporains et celui des images Edward Curtis. La photogravure se veut une tentative de briser le mode contemporain de création-disparition des images en réincorporant dans ma gestuelle d'artiste la fabrication afin de ramener la prise de décisions et d'interventions manuelles au sein de chacune des étapes qui détermine l’œuvre finale. Ce travail à imposer un va-et-vient incessant entre les images « d'origine » et les différentes étapes du processus. Les images qui en résulte agissent comme une assurance et une attestation, dans la mesure où celles-ci constituent des objets qui pourront subsister et être conservés, loin d'une virtualité qui s'efface et qui nous échappe.
Tirage sur papier Arche-vélin
Format: 15 po. x 22 po.
Édition: 25
Présenté au Centre d'exposition de Val-David du 22 juin au 8 septembre 2019
Ce projet a été réalisé avec le soutien de l'Atelier de L'île de Val-David.
Michel Depatie remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec et la MRC des Laurentides de leur appui financier.